Introduction

Tout un changement pour Klemtu

Il n’y a personne à qui s’adresser directement à Klemtu pour obtenir de l’aide juridique. La seule possibilité est d’en faire la demande par téléphone… si on en a un.
juillet 26, 2013

Tout un changement pour Klemtu

Anne Fletcher travaille à la Société de Bella Coola pour le bien-être physique et social et le développement économique à titre de représentante juridique pour la région centrale du littoral de la Colombie-Britannique. Parmi les 38 histoires soumises par les titulaires de subventions, la sienne s’est classée dans les trois meilleures et a été sélectionnée par la Société des services juridiques de la Colombie-Britannique comme témoignage du « changement le plus significatif » apporté dans les communautés partenaires.

Foyer de la Première Nation Kitasoo/Xai’xais, Klemtu est une collectivité isolée de l’île Swindle, qui est située au large de la région centrale du littoral de la Colombie-Britannique, au nord de Port Hardy et au sud de Prince Rupert. La réserve compte un peu plus de 200 habitants. On ne peut pas y accéder par la route; l’accès se fait exclusivement par avion ou par bateau. Pour se rendre de Bella Coola à Klemtu, il n’y a, essentiellement, que deux options :

  • prendre un vol charter (vol de 45 minutes; environ 800 $ l’aller simple);
  • prendre un vol charter jusqu’à Bella Bella (vol de 30 minutes; environ 500 $ l’aller simple), puis, de là, prendre un bateau jusqu’à Klemtu (trajet de deux heures; environ 200 $).

À Klemtu, il n’est pas rare pour les familles de ne pas avoir de téléphone à la maison. Et la plupart des habitants ne sont pas en mesure de se déplacer pour utiliser des services à l’extérieur de la collectivité.

Klemtu n’a pas de service de police local. Des agents de police viennent y passer quelques jours toutes les deux semaines, et ils n’ont que peu ou pas de relations avec les membres de la communauté. Une cour itinérante siège à Klemtu seulement deux fois l’an. Pourtant, de graves affaires criminelles et familiales se passent dans cette localité, et les parties concernées (les personnes accusées, les victimes et leurs proches, les membres de la communauté) doivent parfois attendre des mois pour que la cour itinérante (comprenant juge et avocats) s’occupe de leur cas.

Il n’y a personne à qui s’adresser directement à Klemtu pour obtenir de l’aide juridique. La seule possibilité est d’en faire la demande par téléphone… si on en a un. Même ceux qui parlent suffisamment bien l’anglais pour se débrouiller au téléphone trouvent généralement tout le processus compliqué et intimidant.

L’équipe de la cour itinérante qui se rend à Klemtu (et dans les collectivités voisines de Bella Coola, Bella Bella, Wuikinuxv) avait beaucoup de mal à obtenir des habitants (« comme si on leur arrachait des dents ») qu’ils soumettent une demande d’assistance juridique en bonne et due forme… jusqu’au jour de mon arrivée. Dans mon travail, rencontrer les gens en personne fait une grande différence : je peux les guider pas à pas dans leurs demandes d’aide juridique, et l’équipe de la cour itinérante est ravie que je facilite ainsi le processus en amont. Avant que les choses ne changent dans ce sens, la cour itinérante venait siéger mais, souvent, les parties s’étaient présentées sans avocat parce qu’elles n’avaient pas déposé ou correctement rempli le formulaire de demande d’aide à temps pour leur audience. Depuis que je suis là pour aider les habitants de Klemtu dans leurs démarches juridiques – et contribuer à développer sur place des compétences à cet effet –, l’équipe de la cour itinérante constate que plus de gens ont un avocat pour les représenter à l’audience et que moins de causes doivent donc être remises à la prochaine séance. J’ai par ailleurs formé localement un fournisseur de services afin d’aider les membres de la communauté à remplir leur demande d’aide juridique. À mes yeux, c’est le changement le plus significatif résultant de mon travail d’intervention et de représentation dans cette région : Klemtu reçoit enfin de l’aide pour les demandes d’aide juridique.

 

La Fondation du droit de l’Ontario, par son Fonds d’accès à la justice, soutient le travail d’Anne Fletcher en subventionnant la prestation de services aux collectivités autochtones éloignées de la région centrale du littoral de la Colombie-Britannique. La Société de Bella Coola pour le bien-être physique et social et le développement économique reçoit des subventions de la Fondation du droit de la Colombie-Britannique, de la Société des services juridiques de la Colombie-Britannique ainsi que du District de la région centrale du littoral.