La subvention accordée dans le cadre du programme Catalyse aide le ROEJ a engager davantage de jeunes, notamment des jeunes francophones des quatre coins de l’Ontario
« J’ai gagné mon procès! », s’est-elle écriée en se précipitant dans la maison. C’est facile d’imaginer une étudiante annonçant cela à son arrivée à la maison après avoir participé à un tournoi de procès simulés en français.
Offerts en français et en anglais, ces tournois s’inscrivent dans le programme Salles d’audience et salles de classe du Réseau ontarien d’éducation juridique (ROEJ). Un récent tournoi tenu au palais de justice de Toronto Courthouse a réuni des élèves de l’école secondaire Norval-Morisseau (Conseil scolaire Viamonde), des écoles secondaires Saint-Charles-Garnier et Monseigneur-de-Charbonnel (Conseil scolaire MonAvenir) et de l’école d’immersion Richview Collegiate Institute.
Le ROEJ a été créé en 2002 après la mise sur pied d’un groupe de travail composé des trois juges en chef de l’Ontario. Leur objectif était de trouver des façons d’aider le grand public à mieux comprendre le système judiciaire. Aujourd’hui, le ROEJ offre des programmes qui aident les jeunes à cerner et à régler les problèmes juridiques qui surgissent dans leur propre vie, et qui offre une compréhension pratique et globale du système judiciaire. Le ROEJ favorise également la création de liens entre le secteur de la justice et la collectivité dans son ensemble. Environ 34 000 étudiants et 1 300 professionnels du droit participent chaque année aux programmes du ROEJ, et ce, partout en Ontario.
Dans le cadre des procès simulés, les étudiants doivent composer avec des scénarios de la vie réelle et assumer différents rôles, notamment ceux de procureur de la Couronne, d’avocat de la défense et de témoin. Avec l’aide d’avocats et de parajuristes, les participants étudient leur rôle en détail et élaborent leur plaidoirie. Le jour du tournoi, ils doivent plaider leur cause ou jouer leur rôle de témoin dans des conditions semblables à celles du déroulement d’un vrai procès. En jouant leur rôle, ils vivent alors l’expérience très réaliste des interactions entre les juges, les avocats, les témoins et les jurés lors d’un procès.
« Ces procès permettent aux jeunes participants d’interagir avec des greffiers, des parajuristes, des avocats et des juges, ce qui les aide à être moins intimidés par la complexité du système judiciaire, d’une part, et à découvrir de nouvelles professions, voire envisager une carrière dans le domaine de la justice, d’autre part », a affirmé madame la juge Julie Thorburn, qui a été bénévole au ROEJ, présidant des procès simulés pendant dix années. « Les avocats sont souvent étonnés de constater la maturité et la pertinence des arguments avancés par les participants. »
« Le ROEJ a adopté une approche de l’éducation juridique qui va au-delà de l’explication des droits et des responsabilités ou du fonctionnement du système judiciaire », a dit Thomas Gallezot, chef de la programmation francophone du ROEJ. « Les programmes phares, notamment les visites des tribunaux et les visites d’avocats en salles de classe, ont pour objectif de sensibiliser davantage les jeunes et de leur offrir un premier contact positif et constructif avec l’appareil judiciaire, car ils leur permettent de rencontrer de manière informelle et amicale les personnes qui sont au cœur du système juridique. »
Le succès de ce contact initial est particulièrement important puisque les jeunes francophones sont souvent originaires d’autre pays, où le système judiciaire est complètement différent du nôtre.
La juge Thorburn et Mr. Gallezot insistent tous les deux sur l’importance d’assurer aux francophones d’avoir le même niveau de scolarité et le même accès qu’aux anglophones en ce qui concerne le secteur de la justice, et ces programmes visent à y contribuer. En effet, ils pourraient même permettent à de jeunes étudiants d’expression française de découvrir les perspectives de carrière dans le domaine juridique, ce qui pourrait accroître le nombre de professionnels du droit capables de s’exprimer en français.
Depuis 2012, la Fondation du droit de l’Ontario a versé près de 12 millions de dollars au ROEJ et, en 2018, le ROEJ figurait parmi l’un des 20 organismes approuvés dans le cadre du nouveau programme pluriannuel de financement de base de la Fondation appelé Catalyse. Avec le financement offert dans le cadre de Catalyse, le ROEJ développera davantage ses programmes, notamment ses programmes en français aux quatre coins de l’Ontario.
L’objectif du programme Catalyse de la Fondation est de renforcer le secteur de la justice sans but lucratif en contribuant à donner aux organismes la stabilité nécessaire et la possibilité d’innover, d’évoluer et de répondre aux nouveaux besoins. Avec un peu plus de 5,8 millions de dollars par année, la première subvention Catalyse représente un investissement prévu de plus de 17 millions de dollars au cours du cycle de subvention de trois ans dans le secteur de la justice sans but lucratif de l’Ontario.
« Interagir avec de jeunes esprits est particulièrement important, car les jeunes ont souvent une vision moins partiale du système de justice que les adultes », affirme Mr. Gallezot. « Les avocats et les juges sont souvent surpris par les perspectives originales des étudiants sur les problèmes juridiques, ce qui peut les amener à réexaminer leurs idées préconçues. Voir le droit et le système juridique du point de vue des jeunes et, partant, connaître leurs besoins, leurs peurs et leurs espoirs, aide les professionnels du droit à faire preuve de plus de compréhension et d’empathie dans leur travail, contribuant ainsi à améliorer l’accès à la justice. »